30 septembre - 5 octobre 2013,
semaine de mobilisation sur tout le territoire brésilien. Avec l'avenir
des Indiens du Brésil, qui pourraient perdre leur droit à la terre en
octobre sous la pression des ruralistes, se joue en ce moment même celui
de la planète.
L'Amazonie brésilienne, partie
majoritaire du plus grand "poumon vert" de la planète, est en grand
danger. Les populations indiennes qui y vivent, garants de sa
préservation, sont dans le collimateur de l'administration de la
présidente Dilma Rousseff. Leur situation était déjà difficile
auparavant mais ni leurs droits élémentaires ni leur avenir n'avaient
été jusqu'alors autant menacés que depuis l'entrée en fonction de la
première femme chef de l'Etat dans ce pays, en janvier 2011. Le coup de
grâce risque d'être donné cet automne. L'heure est grave et la
mobilisation des citoyens du monde indispensable face à l'inertie de la
communauté internationale.
Brasilia, 26 septembre 2013.
L'APIB convoque à la mobilisation nationale en défense de la Constitution Fédérale, des droits indigènes et de Mère Nature.
L'Articulation des Peuples Indigènes du
Brésil (APIB), composée de la Coordination des Organisations Indigènes
de l'Amazonie Brésilienne (COIAB), l'Articulation des Peuples et des
Organisations Indigènes du Nordeste, Minas Gerais et Espirito Santo
(APOINME), l'Articulation des Peuples Indigènes du Sud (Arpinsul),
l'Articulation des Peuples Indigènes du Sud-est (ARPINSUDESTE), le
Conseil des Peuples Indigènes du Mato Grosso du sud et la Grande
Assemblée du Peuple Guarani (ATY GUASU) qui réunit des centaines
d'associations et de communautés Indigènes, considérant :
- que les droits constitutionels des
peuples indigènes, des quilombolas et des autres populations
traditionelles, ainsi que leurs territoires, sont soumis à une puissante
attaque de la part d'intérêts économiques puissants qui défendent leurs
droits à la propriété mais ne respectent pas nos droits collectifs à
notre terre sacrée et prétendent s'approprier les terres publiques* et
leurs ressources naturelles ;
- qu'il y a une offensive législative
dirigée par le groupe ruraliste contre les droits originaires de nos
peuples, les droits des autres populations traditionelles et les droits
de tous les Brésiliens à un environnement sain, par des dizaines de
projets de loi et d'amendements constitutionels - particulièrement la
PEC 215/00, la PEC 237/13, le PL 1610/96 et le PLP 227/12 - qui vont
aussi à l'encontre d'accords internationaux signés par le Brésil comme
la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et
la Déclaration de l'Organisation des Nations Unies sur les Droits des
Peuples Indigènes ;
- que le gouvernement fédéral lui même a
une attitude d'omission en relation aux droits des peuples et est de
connivence avec les intérêts des ruralistes et du latifundio**, nos
ennemis historiques qui ont approuvé l'année dernière le nouveau Code
Forestier favorable à leurs intérêts et qui prétendent anéantir les
droits territoriaux indigènes. Cela se concrétise par des mesures comme
l'Ordonnance Interministérielle 419/2011, l'Ordonnance 303/2012 de l'AGU
(Advocacia Geral da União, organisme juridique chargé de défendre les
intérêts du gouvernement), et le Décret 7957/2013, et qui se traduisent
notamment par le gel des démarcations de terres indigènes, des créations
d'unités de conservation environnementales, de la régularisation des
quilombos*** et de l'implantation de la réforme agraire.
L'APIB convoque tous les peuples et les
organisations indigènes du pays ainsi que les autres mouvements sociaux
des campagnes et des villes à une Mobilisation Nationale en Défense de la Constitution Fédérale pour ses 25 années d'existence,
et pour l'Implantation des Droits Territoriaux des Peuples Indigènes,
des Quilombolas et des autres communautés traditionnelles, des paysans
et de Mére Nature, entre le 30 septembre et le 5 octobre 2013.
OBJECTIF : Fortifier l'articulation et la mobilisation des peuples indigènes du Brésil avec
le soutien et l'adhésion des autres mouvements sociaux et organisations
sociales, pour la défense des droits indigènes garantis par la
Constitution Fédérale, principalement les droits sacrés à la terre, les
territoires et les biens naturels, pour un pays réellement juste et
démocratique.
mm
MERCI !!! Nous ne voulons pas vivre comme vous dans du béton!Je veux continuer à chasser , à pécher
L'ÉCLAIRAGE DE PLANÈTE AMAZONE
»--§--«
30 septembre - 5 octobre 2013, l'avenir des Indiens du Brésil et de la planète se joue cet automne au Brésil.
Les succès politiques du prédécesseur et
mentor de Dilma Rousseff, l'icônique Lula da Silva, ont pendant
lontemps masqué un véritable acharnement envers les populations
indiennes, car c'est bien sous ses deux mandatures que s'est mise en
place la stratégie d'un productivisme forcené au détriment des droits de
l'Homme et de l'avenir de la planète, dont le barrage de Belo Monte est
l'une des plus délirantes expression.
L'amnésie complice de la communauté internationale
Si nous devons nous inquiéter de ce qui a
cours actuellement au Brésil, nous, citoyens du monde, avons également
la légitimité d'exprimer haut et fort de la révolte. Cela nous concerne
directement, et pas seulement d'un point de vue moral ou humaniste.
Cette révolte doit se tourner non seulement vers ceux qui dirigent
actuellement le Brésil, mais aussi vers les plus hautes autorités des
plus grandes puissances du monde, dont la France. Pourquoi ? Parce que
dès 1992 et pendant près de 15 ans a été mis en oeuvre avec l’appui
financier de l’Allemagne, des Pays Bas, de l’Italie, de la France, du
Japon, du Canada, du Royaume Uni, des Etats Unis, de la Commission
Européenne et du gouvernement brésilien, le Programme pilote de
Protection des forêts tropicales du Brésil (PPG-7), qui fut le plus
vaste programme de coopération internationale à s'attaquer à un problème
environnemental aux dimensions planétaires.
Près d'un demi-milliard d'euros ont été
investis et ce programme a abouti à la mise sous protection de 45,4
millions d’hectares de territoires autochtones en Amazonie brésilienne,
Nous avons donc un droit de regard sur ces territoires que nous avons
contribué à protéger. Ne comptons pas sur nos dirigeants actuels pour
l'appliquer! En France, depuis la fin de la présidence Chirac, l'amnésie
semble être de mise. C'est l'un des symptomes de cette fameuse crise
économique au nom de laquelle on doit tout justifier. Il est notoire que
la France a de très importants intérêts économiques au Brésil,
particulièrement dans sa partie amazonienne. Ne cherchons pas plus loin
et n'attendons plus une réaction des instances dirigeantes de notre
pays, ceci pouvant être décliné pour la plupart des autres Etats ayant
des échanges commerciaux avec un Brésil, devenu "grenier du monde".
Destruction des peuples indigènes : demandez le programme !
Depuis le début de la mandature de la
présidente Dilma Rousseff (janvier 2011), c'est un véritable arsenal
législatif que tentent, jusqu'ici avec succès (exemple :
l'assouplissement du Code Forestier), de mettre en place les grands
propriétaires terriens du pays, par le biais de leurs puissants groupes
parlementaires, véritables détenteurs du pouvoir au Brésil. Le but est
de détruire les droits des peuples indigènes acquis de haute lutte et
inscrits dans le Constitution de 1988, afin de pouvoir s'emparer des
territoires qu'ils protègent et d'en exploiter, ou plutôt d'en épuiser,
massivement les richesses. Ils feront dans ces territoires ce qu'ils ont
fait ailleurs ces 40 dernières années: exploitations forestières,
minières, de bétail, culture intensive qui épuise rapidement les sols et
bouleverse le climat en accélèrant la désertification de l'Amazonie. Le
développement de ces industries écocidaires étant favorisées par la
multiplication d'implantation de barrages hydroélectriques géants en
zones protégées. Ces chevaux de Troie financés en grande partie avec de
l'argent public ne profitent pas à la population, comme le prétend la
propagande relayée par les médias brésiliens, mais à ces mêmes grands
propriétaires terriens, qui financent les campagnes électorales. Ces
barrages sont totalement illégaux, comme l'ont prouvé plusieurs
décisions de justice balayées d'un revers de la main par le pouvoir,
mais Dilma Rousseff avance que l'"intérêt national"prime sur toute autre
considération. Cet intérêt là ne profite pourtant pas aux plus de 200
millions d'âmes vivant sur le sol brésilien, mais à une poignée d'hommes
extrêmement puissants, qui ont décidé d'en finir une bonne fois pour
toutes avec les premiers habitants du pays.
L'offensive, sans précédent, est menée
par le Congrès. L'Union (représentation du Gouvernement Fédéral) qui est
la tutrice et donc la protectrice des droits indigènes laisse faire
sans ciller. Il faut dire que la corruption de la classe politique et
des institutions du pays sont légendaires. A titre d'exemple l'actuel
président de l'AGU (ou procureur général de l'Union), traditionnellement
établi comme le gardien des droits indigènes, s'est allié à la "bancada
ruralista" (front parlementaire pour une agriculture productiviste,
composé notamment de grands propriétaires terriens, du PMDB et
d'évangélistes) pour publier une ordonnance destructrice, la tristement
fameuse Portaria 303 (norme qui étend à toutes les démarcations les 19
contraintes juridiques créées par le Tribunal Fédéral Suprême (STF) dans
le cadre du jugement du cas Reposa Serra do Sol de Roraima).
Le 10 juillet 2013, alors que Dilma
Rousseff recevait pour la toute première fois des leaders indigènes
(dont le Cacique Raoni), sous la pression de la rue, une odieuse
manœuvre avait cours à la Chambre des députés: la mise en place, en
accord avec les responsables des partis et avec la bénédiction du chef
du Gouvernement, d'un régime d'urgence pour le projet de loi
complémentaire 227/2012, qui réglemente le paragraphe 6 de l'article 231
de la Constitution, celui traitant précisément des terres indigènes.
Selon l’anthropologue Manuela Carneiro da Cunha, « ce paragraphe
ouvre une exception dans les droits de possession et usufruit exclusif
des indiens quand il s'agit de l'intérêt relevant de l'Union (...) Cette
définition est terrifiante : presque tout rentre dedans. Cela
permettrait qu'il y ait des routes sur les terres indigènes, des lignes à
haute tension, des oléoducs, des centrales hydroélectriques, des mines,
des chemins de fer, etc. Cela permettrait que soit concédé des zones
entières en bordure de frontière à un tiers (...). Cela permettrait que
toutes les terres occupées (par des chercheurs à la botte de GDF-Suez,
des orpailleurs, des bûcherons illégaux, etc) soient maintenues sous le
domaine privé depuis la promulgation de la Constitution de 1988
(...) Cette clause serait l'équivalent d'une amnistie que les grands et
moyens propriétaires terriens obtiendraient dans le Code Forestier. Mais
cette fois il ne s'agit pas d'échapper à des amendes et d'avoir à
recomposer des paysages dégradés. Ce serait légaliser et perpétuer la
dépossession. Si une loi comme celle-là passe, ce sera la destruction
des droits territoriaux des indigènes. »
Il n'est
certainement pas exagéré de dire que l'avenir de la planète se joue en
ce moment-même au Brésil. Nous vous invitons donc à soutenir de façon
active la grande semaine de mobilisation générale des peuples indigènes
du Brésil (30 septembre - 5 octobre 2013) en diffusant leur communiqué
ci-dessous par le biais des réseaux sociaux. Nous vous convions
également à relayer les informations que nous diffuserons sur le site
www.raoni.com et notre page facebook
https://www.facebook.com/raoni.com.fr
Merci d'avance pour votre mobilisation.
Gert-Peter Bruch, président.
Planète Amazone
Date de l'article : 26/09/2013