dimanche 20 septembre 2015

Sauver la biodiversité





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Kokopelli : graines de résistance 16

23.09.2014 - 17:01 Écouter l'émission
 
Un documentaire de Clotilde de Gastines et Guillaume Baldy
 
« Une graine de variété ancienne, donnera des tomates, dont on pourra replanter les graines. Ce n’est pas le cas des variétés hybrides, vigoureuses sur une seule saison, sans saveur et gorgées d’eau, et qui rendent les agriculteurs dépendants des semenciers » accuse le directeur de Kokopelli Ananda Guillet, 27 ans. L’association fondée par ses parents en 1999 produit en agriculture biologique et commercialise plus de 2200 variétés de graines anciennes, issues d’hybridations naturelles, dont 650 espèces de tomates !


Kokopelli Clotilde de Gastines © Radio France
La lutte peut paraître marginale ou anodine au premier abord. En réalité, c’est un combat à mort de David contre Goliath pour l’indépendance alimentaire. Les semenciers traditionnels s’insurgent contre les 8 géants de l’industrie chimique qui ont la mainmise sur 75% des semences potagères commercialisées dans le monde, même celles destinées à l’agriculture biologique.
 
Pour rencontrer Kokopelli, il faut se rendre au plus profond de l’Ariège. Depuis 15 ans, l’association milite pour l’utilisation de graines vivantes et libres : ni enfermées dans un frigo comme à la morgue, ni protégées par de supposés droits de propriété intellectuelle. Kokopelli a dans ses cartons plusieurs tonnes de graines aux noms poétiques : carotte « arc en ciel », tomate Wagner, fenouil de Florence, pois de senteur « painted lady »… Un poème tragique quand on sait que 3/4 des espèces comestibles ont disparu en un siècle.
 
Parmi les adhérents, beaucoup cultivent leur jardin potager et parrainent des semences pour Kokopelli. C’est le cas de Patrick et Anita Paredes, retraités toulousains, dont le jardin est une jungle de haricots grimpants, maïs vert, tomates ananas ; ou encore de Cédric et Alexandre de Macadam Gardens, jeunes entrepreneurs, qui commercialisent des plans pour les urbains et ont aménagé un potager ancien de 500 m2 sur le toit de la clinique Pasteur à Toulouse.
 
Quête du goût pour ceux qui en ont marre des légumes insipides dopés aux pesticides, ou lutte vitale pour ces artisans semenciers soucieux de la survie des espèces, pour éviter qu’un jour, ce soit justement la fin des haricots ?